12 Septembre 2015
Article mis à jour le 23 02 2017
RÉSUMÉ
Après un bref historique de l’avènement du Bio - au sens large, ce terme intègre la Biodynamie* - l’article fait état de la dangerosité des pesticides, particulièrement dans les vignes, pour les utilisateurs et pour les consommateurs (résidus).
La qualité des vins Bio, sujet controversé, est discutée. A la question : pourquoi le vin Bio peut-il être supérieur au même vin issu de la viticulture conventionnelle ?, une réponse circonstanciée est proposée.
En 1993, menacée par les mouvements écologistes et par la (lente) progression d’une agriculture propre, l’industrie chimique, a fait parler la poudre…aux yeux : " l’agriculture raisonnée". Résultat : les tonnages de pesticides pulvérisés dans nos campagnes ne baissent pas, bien au contraire !
A Bordeaux, les discours officiels n’encouragent pas le Bio. Le vignoble certifié est à la traîne du vignoble français.
Néanmoins, la région progresse lentement et on compte, dans toutes les AOC, d’excellents vins Bio avec une avancée timide des crus classés. A la fin de l’article, on trouvera une liste non exhaustive établie en fonction de l’ancienneté des certifications ainsi que celle de crus notables en Bio d’autres régions viticoles.
PS : pour poster un commentaire voir à la fin de l'article
* voir aussi "La Viticulture Biologique", un billet sur ce blog du 25 03 2011
INTRODUCTION
La science triomphante d'après-guerre a révolutionné notre agriculture. En quelques décennies, on est passé d'un monde de paysans à une génération d'exploitants agricoles qui a jeté aux orties les us et coutumes de nos ancêtres. Cette révolution devait améliorer leur sort et particulièrement celui de plusieurs milliers de vignerons : moins de pénibilité (mécanisation), moins de maladies de la vigne (chimie), plus de rendements (clones productifs, engrais minéraux…). L'industrialisation de la viticulture était en marche, tandis qu'une œnologie curative entrait dans les chais pour pallier l'appauvrissement du raisin et les défauts du vin. De longue date ce modèle productiviste, assisté chimiquement, s'est avéré être une erreur agronomique et écologique. Cette prise de conscience, lente à se développer, associée à de nouvelles techniques viticoles, ont tout de même permis à la viticulture française de réduire drastiquement l'épandage d'insecticides et d'herbicides. En revanche, la lutte contre les maladies cryptogamiques (oïdium, mildiou surtout et pourriture grise) semble un combat perdu d'avance tant il appelle de nouvelles molécules toujours plus toxiques et souvent appliquées en "cocktail".
Ainsi, les tonnages de pesticides en viticulture ne baissent plus mais au contraire augmentent. La viticulture est considérée comme intensive, grande consommatrice de produits phytosanitaires - 20% des 60 000 tonnes de pesticides déversées dans les champs français alors que la surface viticole n'est que de 3,7% de la S A U (Surface Agricole Utile) - et défavorable à la biodiversité. La France peut ainsi se glorifier d'être la championne européenne de l'épandage phytosanitaire par habitant et de polluer gravement les sols et les eaux.
Face aux inquiétudes que soulève la "chimisation" de l'agriculture, des courants de pensée nouveaux venus d'Autriche (l'anthroposophie de Steiner), de Suisse (Hans Muller avec la méthode Rush-Muller), d'Angleterre (Sir Howard et son ouvrage Testament Agricole) puis de France (Lemaire et Boucher), vont proposer au milieu du siècle dernier, un retour en arrière réfléchi mettant en avant l'abandon de la chimie, la lutte biologique, la biodiversité de l’environnement agricole, l'apport de compost pour revitaliser les sols morts, l'autarcie, les circuits courts... En 1959, l'agronome Jean Boucher et le négociant en grain Raoul Lemaire élaborent la méthode dite Lemaire-Boucher basée sur l'utilisation d'une algue, le lithothamne, pour fertiliser les sols. Deux ans plus tard deux courants, Nature & Progrès et Lemaire-Boucher séduisent les premiers agriculteurs Bio. Avec l'apparition du mouvement écologique (René DUMONT) après 1968, l'agriculture biologique démarre en France, principalement dans l’Est du pays. Confidentiel au début, souvent qualifié d'utopique (les baba cool du Larzac !), le Bio - se développe un peu partout à partir de 1990 grâce à la reconnaissance par l'état de cette pratique douce. Une certification annuelle officielle autorise sur les emballages le sigle AB doublé aujourd'hui du sigle européen.
Malgré le Grenelle de l'Environnement et ses prétentions, la progression est lente pour différentes raisons :
- économiques à cause du manque de formation Bio et de conseils sur place, conduisant à des pertes de récolte au début,
- psychologiques par la remise en cause du modèle agronomique dominant – l’agriculture conventionnelle - toujours enseigné par les plus anciens,
- le lobbying efficace de l'industrie chimique, à tous les niveaux : sur le terrain (conseillers pesticides), auprès des scientifiques par le financement de la recherche (I N R A), dans la presse, et bien sûr, en politique au plus haut niveau des instances nationales et européennes.
Face à l'industrie qui nie la dangerosité des pesticides pour la santé et à une presse complaisante qui met en doute la qualité gustative des produits Bio, il nous a semblé utile d'essayer de répondre aux interrogations que l'amateur est en droit de se poser, notamment pour le vin.
LE VIN BIO EST MEILLEUR POUR LA SANTE ?
Épidémiologie des maladies liées à l'exposition aux pesticides
Le danger des pesticides est avéré
Plus d'un million de français, exploitants agricoles et salariés, employés de l'industrie chimique, jardiniers, riverains d'exploitations agricoles (écoles) et même des particuliers pour usage domestique, sont exposés aux pesticides. Sans oublier tous ceux qui l'ont été tout ou partie de leur vie (retraités du régime agricole).
Au contact direct, peuvent apparaître des affections aiguës, cutanées, respiratoires ou digestives. De par le monde, des paysans se suicident par absorption volontaire de pesticides, c’est dire leur nocivité !
François Veillerette et Fabrice Nicolino (1) ont épluché des centaines d'études (2) qui confirment un lien formel entre l’exposition aux pesticides et l'apparition à long terme de pathologies chroniques lourdes.
D'autres études plus récentes confirment les effets délétères des pesticides, à moyen terme et long terme, sur la santé, avec la mise en évidence d'une augmentation significative de la fréquence de certaines maladies graves chez les personnes exposées. L'épidémiologie est confortée par la biologie qui met en évidence les déréglements des mécanismes du fonctionnement cellulaire (ADN) par les pesticides.
Nous citerons en particulier celles de
I N S E R M (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) en 2013, une expertise collective à partir de l'analyse critique et la synthèse de la littérature scientifique internationale. Un travail volumineux (2000 pages) qui garantit l'exhaustivité des sources, la transparence et la qualification du travail scientifique.
C I R C (Centre International de recherche sur le cancer) qui a classé les pesticides en cancérogène certain, probable, possible. Il bénéficie du plus haut niveau de connaissances scientifiques sur le sujet et, de ce fait, est souvent attaqué par les industriels. En 20015, il a classé le glyphosate (Roundup) en "cancérogène probable" alors que la commission européenne (Efsa) affirme le contraire !
G R E C A N (Groupe Régional d'Etudes sur le Cancer à Caen),
I S P E D, l'Institut de Santé Publique, d'Epidémiologie et de Développement à Bordeaux a confirmé en 2000 une augmentation significative de la fréquence des maladies dégénératives (Parkinson, Alzheimer) et des cancers du cerveau dont le gliome, chez les viticulteurs girondins.
C R I I G E N (Comité de Recherche d'Information indépendant sur le Génie Génétique et ses impacts du Pr Gilles Séralini),
I N C (Institut National du Cancer),
et à l'international :
O M S (Organisation Mondiale de la Santé),
P A N Europe (Pesticides Action Network),
E P A (Environmental Protection Agency)...
Ces organisations fournissent études épidémiologiques concordantes pour attester l'augmentation de la fréquence des maladies suivantes auprès des personnes exposées aux pesticides :
Maladies neurologiques : Parkinson (reconnu comme maladie professionnelle en 2012), Alzheimer
Maladies hématologiques et du système immunitaire : leucémies, lymphome non hodgkinien (reconnu comme maladie professionnelle en 2015), myélomes.
Cancers de la prostate, des testicules, du sein, des ovaires et des cancers en général par les propriétés génotoxiques et mutagènes de certaines molécules.
Troubles de la reproduction : infertilité mâle et femelle, malformations congénitales
Troubles du développement neurologique de l'enfant
De plus en plus de professionnels de l'agriculture attaquent les firmes productrices sur la dangerosité volontairement cachée des pesticides dont le scandale des adjuvants (voir supra). Alors que l'industrie, parfaitement au courant des risques, a failli à son devoir d'information vis à vis des mesures de protection des utilisateurs. Voir le site www.phyt'attitude.fr et, à l'initiative de Générations Futures, très engagée dans la lutte contre les pesticides, celui d'une association de défense des malades : www.phytovictimes.fr
La mutualité sociale agricole (M S A) a recensé plus de 50 personnes ayant obtenu, souvent après un long combat judiciaire, la reconnaissance de maladies professionnelles liées aux pesticides, une dizaine dont la maladie de Parkinson.
« Possible mais pas sûr ! »
Depuis la dernière guerre, une centaine de familles chimiques (dont les organochlorés, organophosphorés, carbamates, phtalimides, nicotinoïdes, strobilurines...) ont fourni des milliers de matières actives et des dizaines de milliers de préparations commerciales. On peut voir sur Internet les centaines de substances autorisées par l'UE, ainsi que la liste aussi impressionnante de celles qui ont été interdites. La source ne se tarit jamais car l'industrie demande régulièrement des homologations pour de nouvelles formulations de produits interdits (3), ou pour de nouvelles molécules censées en remplacer certaines devenues inefficaces (fongicides).
Quand l'épidémiologie apporte des éléments de cause à effet sur l'apparition d'une maladie, l'industrie nie sa responsabilité et monte des actions de lobbying pour réfuter les études et semer le doute. Elle joue sur du velours car il s'agit de maladies chroniques, à retardement, dont il est difficile pénalement de prouver les liens. « Possible mais pas sûr ! »
Citons quelques pesticides qui ont été utilisés trop longtemps – combien de morts ? – avant d’être interdits :
- Insecticides : la dieldrine 1950 - 1972 ; le lindane 1942 - 1998 ; le D D T 1940 – 1972 ; le chlordane 1960 - 1992 ; les néonicotinoïdes neurotoxiques puissants tant redoutés des apiculteurs : Gaucho interdit en 2004, Régent interdit en 2007, puis Cruiser interdit en 2016 ; les néonicotinoïdes nouvelle génération ! le sulfoxaflor autorisé en 2015 alors qu'il a été interdit aux US : Transform et Closer interdits à partir de septembre 2018.
- Désherbants : l'atrazine 1960 – 2002 ; le Lasso (agent orange pourvoyeur de dioxine fortement cancérigène) 1959 – 2007 ; le glyphosate (Roundup) 1975 - 2016 mais interdit seulement pour les particuliers, les agriculteurs peuvent continuer à s'empoisonner à petit feu !
- Fongicides : l'arsénite de soude 1903 – 2001.
Il en fut de même dans l’industrie, la construction, la pharmacie, l’alimentation animale… Citons pour mémoire le P C B (pyralène) 1935 -1997 ; la thalidomide (anti-nauséeux, tératogène puissant) 1953 - 1978 en Allemagne, il n'a pas été vendu en France ; l'amiante 1906 – 1997 ; les farines animales destinées aux bovins 1987 – 2001 ; le bisphénol A 1960 – 2015 ; le distilbène (œstrogène) 1940 – 1977 ; le Médiator 1971 – 2009… Et bien sûr le tabac, mais ça continue puisqu'il n'est pas interdit en privé !
Ce sont des centaines de milliers de morts, sinon des millions, qui auraient pu être évités si les entreprises industrielles avaient retiré les produits toxiques du marché avant d'y être contraintes.
Risques sous-évalués
Il faut ajouter que dans les dossiers de demande d'homologation, les dangers des pesticides pour la santé sont largement sous-évalués.
1/Les études sur la toxicité sont fournies par les firmes et se rapportent aux effets à court terme contatés sur des souris, lesquels sont extrapolés à l'homme. A la suite de quoi sont fixées des Doses Journalières Admissibles (D J A) pour les personnes exposées et des Limites Maximum de Résidus acceptables dans les aliments.
2/Les adjuvants ne sont pas pris en compte dans ces études ! Un scandale dénoncé de longue date, mais qui ne remet pas en cause les modes d'évaluation. Le Pr Gilles-Eric Seralini du C R I G E N (Centre de Recherche et d'Information Indépendante sur le Génie Génétique) a montré que dans 9 herbicides de type Roundup, ce n’est pas la matière active, le glysophate, la plus toxique. Et pourtant, elle seule est évaluée. C’est l’association de la matière active avec les adjuvants secrets, classés "inertes", qui font entrer les produits dans les cellules vivantes, végétales...ou animales. Le Pr. S E R A L I N I considère que la dangerosité des pesticides est bien supérieure à ce qui est annoncé par les fabricants.
3/ Défauts de protection et pollution du voisinage. Ceux qui manipulent, préparent, pulvérisent et nettoient les matériels sont évidemment les plus soumis aux conséquences graves des pesticides. Les habits de protection ne sont pas obligatoires et certains conducteurs de tracteur n'en mettent toujours pas. Selon les types de matériels et de produits, 25 à 75% des pesticides partent dans l'atmosphère ou dans le sol. L'AFSSET (Agence Française de Sécurité Sanitaire et du Travail) a révélé que la protection n'est pas généralisée et que les tests de perméation (pénétration moléculaire) mettent en évidence un manque d'étanchéité des gants, des masques, des combinaisons comme des cabines de tracteur. Les industriels sont obligés aujourd'hui de mentionner sur les emballages que les pesticides ne sont pas des substances "anodines" mais dangereuses et qu'il faut se protéger.
La grande dissémination des molécules dans le proche environnement pose des problèmes pour les employés viticoles, qui doivent normalement respecter un temps de latence pour entrer dans les vignes, après les épandages. Des communes viticoles ont obtenu de la part des exploitants à proximité des habitations et des écoles, de respecter des horaires d'épandage et de tenir compte de la vitesse du vent. Des études récentes montrent que la rémanence de certaines substances dans les vignes et alentours (1000 m) est telle que l'exposition au dixième jour peut-être aussi forte qu'au premier jour de l'épandage !
4/ Après la mise en marché d'un nouveau pesticide, le suivi toxicologique revient aux médecins et agents de la Mutualité Sociele Agricole (M S A), habilités à recueillir les déclarations de toxicité aigüe. Aucune étude de toxicité à long terme n'est envisagée par les firmes ni par la MSA. Seule l'épidémiologie révèle le lourd tribut que payent les agriculteurs exposés aux pesticides.
5/ L'effet cocktail des petites doses est un phénomène difficile à démontrer. L'augmentation des maladies graves d'origine environnementale, laisse penser néanmoins que les pesticides interviennent parmi les polluants qui s'accumulent dans notre corps et qui, par effet cummulatif ou multiplicatif, sont à l'origine de maladies graves.
6/ Lors des études d'évaluation toxicologique, ne sont pas pris en compte les atteintes graves des pesticides sur la biodiversité : flore, faune, dans le sol et au-dessus. L'escalade chimique provoque la désertification biologique des sols qui entraîne une grande vulnérabilité des plantes qui y sont cultivées. D'où un recours à toujours plus de pesticides. On fait fi aussi des conséquences sur l'environnement : pollution des eaux, de l'air et du sol. Il est a noté la présence dans notre environnemment et dans nos tissus de molécules de pesticides interdits qui sont des POP, Polluants Organiques Persistants. Peu ou pas biodégradables, ils continuent leurs effets délétères sur l'environnement et l'homme. C'est le cas d'une dizaine d'insecticides comme DDT (interdit en 1972), ou le lindane (interdit en 1998) ou d'herbicides comme l'atrazine (interdit en 2003).
7/ La sous-évaluation des risques est aggravée par les commissions en charge des homologations européennes (Efsa) et des autorisations de mise en marché française (A N S E S), composées d'experts dont une partie est à la solde de l'industrie chimique. Concernant la réhomologation très controversée du glyphosate (Roundup), en sursis pour cause de Brexit, on apprend que la commission européenne se compose d'un tiers d'experts à double casquette. Ils sont là pour protéger les intérêts énormes de Monsanto même s'il est démontré que cette molécule est "cancérigène problable" et "non biodégradable". Avant 2008, Monsanto, condamné en France pour publicité mensongère, indiquait sur ses emballages : "biodégradable".
Des pesticides dans les cheveux
En 2012, l'Association Génération Future a publié l'enquête A P A C H E (Analyse des Pesticides Agricoles dans les CHEveux) sur 25 personnes domiciliées dans le Médoc. Elle montre que les cheveux des professionnels de la vigne recèlent 11 fois plus de pesticides que les non professionnels, et que les voisins habitant près des vignes en ont 5 fois plus que les autres !
Cette même association, en prélevant de la poussière dans les habitations à proximité des parcelles cultivées (vignes, arbres fruitiers...), a montré que les habitants sont exposées toute l'année à un cocktail de pesticides dont de nombreux perturbateurs endocriniens.
Certaines substances peuvent être transportées très loin par le vent, les brouillards ou les pluies. Par vent de nord-ouest, on note à Bordeaux une pollution pesticide venue du Médoc, de même qu'à Paris lorsque les vents dominants proviennent des grandes plaines céréalières de la Brie et de la Beauce.
Des pesticides dans le vin
Une certaine quantité de pesticides contenue dans le raisin est éliminée par précipitation avec les lies mais il en reste toujours, surtout si le vin a été élevé sur ses lies. L'enquête de "Que Choisir" (2013) a révélé que les vins testés contiennent jusqu'à 14 molécules différentes !
Sous la pression du consommateur, la transparence vis à vis des intrants (additifs) ajoutés dans le vin, directement ou indirectement (pesticides), deviendra obligatoire. Ils devront dans le futur figurer sur la contre étiquette.
Le laboratoire E X C E L L, à Mérignac (33), spécialisé dans les analyses œnologiques, précise sur son site que 90% des vins analysés contiennent des résidus de pesticides. Le laboratoire S A R C O, à Floirac (33) déclare pouvoir doser plus de 400 molécules associées à des pesticides et indique que les analyses ne disent pas tout car on ne peut trouver que ce que l'on cherche. Les molécules nouvelles ne sont pas forcément détectées. De quoi à stimuler, là encore, la synthèse de nouveaux produits plus efficaces mais aussi plus dangereux ! Les laboratoires oenologiques Dubernet (Corbières) et D I O E N O S (Rhône) viennent de publier une longue étude dans le N° 158 de la revue des oenologues de janvier 2016 : "Résidus phytosanitaires dans les vins. Etat des lieux ". Elle s'échelonne sur 2012, 2013, 2014, porte sur 860 vins (Languedoc, Roussillon, Rhône et Bordeaux). Sur 77 molécules recherchées, les plus fréquentes, 18 % des vins n'ont pas de résidus dont les Bio, 56% entre une et quatre molécules, 20% entre cinq et huit et 6% au-dessus de neuf. Les auteurs, comme les marchands de pesticides, se replient derrière la L M R (limite maximale de résidus) autorisée dans le raisin - elle n'existe pas encore dans le vin ! - pour laisser croire que ces vins pollués sont inoffensifs pour la santé. Il faut savoir que ces cocktails de molécules permettent de lutter contre des champignons toujours plus résistants mais aussi, pour chacune de ces molécules, ne pas atteindre la L M R dans le raisin !
L'effet cocktail
Le danger pour le consommateur de vins conventionnels provient de l'accumulation de petites doses de pesticides retrouvées dans les aliments issus de l’agriculture conventionnelle surtout s’il s’agit de P O P (Polluant Organique Persistant) très difficile à éliminer. Peu ou pas biodégradables, ils continuent leurs effets délétères sur l'homme et l'environnement. C'est le cas d'une dizaine d'insecticides organochlorés comme le D D T (interdit en 1972) ou le lindane (interdit en 1998) et d'herbicides comme l'atrazine (interdit en 2002) ou le 2 4 D (Lasso ou agent Orange interdit en 2007). L'Institut de Veille Sanitaire affirme que 100% des français portent des traces de pesticides dans les graisses et les fluides biologiques. Ils s'ajoutent aux autres polluants rencontrés dans les nappes souterraines - le commissariat général du développement durable affirme en 2013 que 93% des eaux sont polluées par un ou plusieurs pesticides -, dans l'atmosphère et dans les lieux de vie professionnels ou domestiques. Ils s'accumulent dans les graisses de tous les organes (foie, sang, cerveau, lait maternel, placenta...) avec des effets synergiques mal connus dont il semblerait que le tout soit bien supérieur à la somme des parties. Le monde médical a longtemps réfuté que les micro-doses de polluants, aussi invisibles qu'omniprésentes au long cours, représentaient un danger sanitaire. Avec la flambée des maladies dites de civilisation (cancers, affections neuro-dégératives...), il est pertinent de remettre en question cette posture. L'exposition aux pesticides est particulièrement inquiétante pour les personnes vulnérables comme les femmes enceintes, les nourrissons et les enfants quand elles demeurent au milieu ou à proximité du vignoble. Les enfants arrivent au monde "prépollués". A noter le constat récent d'un nombre anormal de cancers pédiatriques chez les enfants dans la commune viticole de Preignac (région de l'A O C Sauternes). Ajoutons que parmi la grande panoplie des pesticides on en trouve qui sont tristement classés C M R (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques) et d'autres classés comme possibles perturbateurs endocriniens en interférant, même à doses très faibles, avec le système hormonal. Ainsi expliquerait-on la croissance des troubles de la fertilité (15% des couples français sont touchés avec une chute de près d'un tiers du nombre de spermatozoïdes) mais aussi un certains nombre de maladies hormono-dépendantes comme le diabète, l'obésité et certains cancers (sein, prostate, thyroïde).
Le coût environnemental des pesticides
Au delà de la pollution générale (air, eau, sol) et de ses effets sur la santé humaine, les pesticides dégradent l'environnement. Ils sont responsables de gaz à effet de serre pour leur farbication à partir du pétrole et s'attaquent à la fragile biodiversité des écosystèmes, particulièrement à la microflore du sol (levures, bactéries...) et aux insectes pollinisateurs (abeilles) dont on constate mondialement une réduction drastique de leur population. D'après le Commissariat du Développement Durable le coût environnemental des pesticides et des engrais minéraux - interdits en Bio - s'élèverait à plusieurs milliards par an ! Sans compter les dépenses de santé publique afférentes aux nombreuses maladies induites, précédemment citées.
Les vins Bio n'ont pas de pesticides
La majorité des vins Bio n'ont pas de pesticides. Leur présence éventuelle, souvent des traces, résulte de la proximité de vignes traitées avec des pesticides. Pour se protéger, Christophe Landry, de l'excellent Ch. des Graviers à Arsac (A O C Margaux), a ménagé une bande de sécurité non plantée pour se protéger des voisins crus classés en conventionnel, et de ce fait, a renoncé momentanément, pour cette surface, à l'A O C Margaux !
LA QUALITE GUSTATIVE DES VINS BIO
Le niveau moyen de qualité gustative des vins Bio est inférieur à celui des vins issus de la viticulture conventionnelle. Le vin Bio rime avec santé mais pas forcément avec qualité.
Les pionniers du Bio, en particulier à Bordeaux, démarrent la fleur au fusil dans les années 1960, certains par conviction, d’autres pour trouver des débouchés, surtout après la crise des vins de Bordeaux (1972), et parfois pour ces deux raisons. On les trouve surtout dans les A O C de base (Bordeaux, Côtes de Bordeaux) où le vin se vend plus difficilement. Deux facteurs expliquent que la qualité des premiers vins Bio n'est pas au rendez-vous. D’une part, les structures viticoles, sises souvent sur des terroirs médiocres, sont plus adaptées à faire des volumes pour le négoce (densité faible/ha, gros rendements…), qu’à réussir une conversion en Bio destinée à une mise en bouteille au château. Et d’autre part, les techniques Bio de l’époque, balbutiantes (pas d’enseignement, pas de conseillers...) sont loin d’être au niveau des pratiques actuelles. De fait, le niveau moyen des premiers vins Bio était déplorable, et a longtemps nui au développement de cette pratique.
A partir des années 1990, la prise de conscience du danger des pesticides et le constat, déjà, qu’on élabore de grands vins en Bio (Alsace, Bourgogne…), stimulent les vocations, qui touchent à Bordeaux des appellations plus nobles, voire très tardivement, quelques crus classés. Si la qualité générale des vins de Bordeaux en Bio s’est améliorée aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’elle atteint statistiquement celui des vins issus de la viticulture conventionnelle. Ce qui signifie qu’il n’est pas recommandé de choisir au hasard un vin Bio. Néanmoins, Bordeaux peut s’honorer aujourd'hui de vins Bio exceptionnels dans toutes les A O C (voir liste non exhaustive à la fin de l’article). Des vins meilleurs, pour de nombreuses raisons, que s’ils étaient produits en viticulture conventionnelle.
Pourquoi le vin Bio peut-il être gustativement supérieur au même vin en culture conventionnelle ?
Contrairement à ce qu’ont pu écrire certains journalistes du vin dont on peut douter des compétences en dégustation, le vin Bio n’a pas un goût particulier, reconnaissable. En revanche, bien choisi, il est tout simplement meilleur que s’il n’était pas Bio.
En général, les meilleurs proviennent de crus qui sont en Bio depuis déjà quelques années. La vigne a eu le temps de trouver son autonomie et le producteur d’adapter les pratiques à son écosystème (sol, cépages, environnement dont le microclimat…). Comme l’écrit Claire Laval, pionnière du Bio à Pomerol au Ch. Gombaude-Guillot (avec Claire Laval, Dominique Techer et leur fils) : "le Bio exige d’avoir une démarche construite autour d’une observation vigilante, d’une connaissance fine de ses parcelles et des équilibres écologiques qui y règnent".
La viticulture Bio appelle une vraie révolution, mentale et technique. Pour franchir le pas, il faut être motivé, préparer la conversion et au début, être bien accompagné pour ne pas courir à la catastrophe. Ch. Palmer, cru classé à Margaux, commence les essais en 2008, obtient la certification AB en 2013 et en Biodynamie pour le millésime 2014 (avec le label Demeter prévu en 2017). Dans les premières années, la vigne n’a pas développé ses propres systèmes de défense contre les maladies, et la biodiversité environnante n’est pas encore capable de contenir les invasions de certains prédateurs. A ce sujet, je conseille de visiter le site de l’excellent cru en A O C Lussac Saint-Emilion, en Bio, Ch de Bellevue d’André Chatenoud, qui a entrepris avec plusieurs associations (Arbres et Paysages, Tulipe, Bio Di Vine...) des observations et un recensement de la flore (variétés), ainsi qu'un comptage de la faune (espèces).
Il est évidemment impossible de comparer à l’aveugle le même vin élaboré en conventionnel et en Bio. Toutefois, on peut s’en tenir aux facteurs agronomiques et oenologiques du Bio qui sont en faveur d’une meilleure qualité.
- Les vignes Bio poussent mieux et résistent mieux
Elles sont en meilleure santé et sont moins sensibles aux attaques des champignons (mildiou, oïdium, black-rot...) et aux maladies dégénératives (esca, court-noué, excoriose, eutypiose...) car elles retrouvent une immunité naturelle. Les pesticides, surtout les désherbants, détruisent les champignons mycorhiziens qui vivent en symbiose (bénéfices mutuels) avec plus de 80% des plantes terrestres dont la vigne. Leurs hyphes (filaments mycéliens) pénètrent les cellules des racines et se développent à l'extérieur bien au delà du champ racinaire - 1 ha de sol vivant peut avoir jusqu'à 150 millions de km d'hyphes ! - ce qui décuple les possibilités de la plante pour s'alimenter (eau, éléments minéraux : azote, phosphate et oligo-éléments : K, Cu, Mg, Ca, Fe) et surtout pour se défendre contre les agents pathogènes grâce à différents mécanismes dont celui du MIR (Mycorrhiza-Induced-Resistance). Le MIR induit une protection systémique de la plante face à un panel d'agents pathogènes : botrytis cinerea (pourriture grise), mildiou... et les maladies du bois. François Dal (SICAVAC), l'expert français des maladies du bois, cité par la revue Le Rouge et Le Blanc, "est convaincu qu'avec un bon travail en Bio, des sols qui fonctionnent bien, on améliore la résistance aux maladies".
Dans un écosystème plus vivant, la plante est aussi plus résistante aux influences environnementales excessives (stress hydrique, carences diverses...). Sa longévité peut être doublée ou triplée et passer de 30 ans à 50 voire à 100 ans.
- Les vignes Bio sont naturellement moins productives
De ce fait, la majorité des vignerons Bio ne pratiquent pas de vendanges vertes. La pratique plus répandue chez les Bio de l'enherbement dont ils maîtrisent les techniques est aussi en faveur d'une vigueur modérée de la vigne. Les raisins sont plus naturellement riches, en particulier en polyphénols (tanins) et en substances bio actives (Omega 3). La plante en produit plus pour se défendre.
A l'inverse, les pesticides augmentent la vigueur de la vigne au détriment des raisins. Déjà en 1980, dans son livre "Les plantes malades des pesticides" (4), Francis Chaboussou, un repenti de l’INRA, déclarait : "Les pesticides entraînent des modifications du métabolisme de la plante, aboutissant à un enrichissement des liquides cellulaires en sucres solubles et en acides aminés libres".
- La maturité des raisins Bio est plus précoce
Pour la même raison que précédemment mais aussi par le fait que les sols sont plus vivants (voir ci-après), certains crus en Bio ont une maturité plus avancée de quelques jours à une, voire même deux semaines. Cette précocité est capitale certaines années difficiles, lorsque le raisin a du mal à atteindre sa pleine maturité.
- L'acidité des vins Bio est plus élevée
C'est un constat unanime, parfois flagrant pour certains. A maturité comparable, le vin plus riche, plus concentré, a plus d'acidité. La vitalité des sols retrouvée y contribuerait ? C’est important pour l’équilibre des vins à une époque où les acidités ont tendance à baisser naturellement (réchauffement climatique). Le vin gagne de ce fait en potentiel de vieillissement.
- Les vins Bio ont plus de pureté aromatique
Du moins pour les crus qui savent maîtriser les déviations aromatiques imputables à des microorganismes indésirables (levures Brettanomyces, bactéries acétiques…) présents dans la flore naturelle du cru (indigènes). On les retrouve malheureusement avec une fréquence accrue dans les vins Bio, et surtout chez les adeptes des vins naturels ou nature (avec peu ou pas de soufre), qui refusent les levures du commerce, même si certaines sont Bio (voir ci-après). La grande pureté des meilleurs vins Bio qui maîtrisent cette flore indésirable tient à l’absence de résidus de pesticides (surtout ceux à base de chlore) qui perturbent l’arôme des vins (goût de réduit, de moisi, pharmaceutique…). Le pire étant une vendange atteinte de pourriture grise, avec des résidus de pesticides.
- Les vins Bio ont plus de fruit et de finesse
Avec l’effet conjoint de l’asphyxie des sols consécutive au tassement par des tracteurs de plus en plus lourds, et de la toxicité des pesticides pour la flore et la faune, les sols sont devenus stériles. Cette vie du sol (bactéries, levures, champignons, vers de terre…) est essentielle à la minéralisation en surface de la matière organique, naturelle ou épandue, et à la remontée des éléments minéraux arrachés à la roche mère par les racines de la vigne et surtout leurs mycorhizes (sur le lien voir "vie intérieure du sol"). Ces champignons vivant en symbiose avec les racines sont essentiels pour la fertilité naturelle, la résistance à la sécheresse...puisqu’ils élargissent le champ racinaire en profondeur. Ils ont quasiment disparu des sols ayant reçu trop longtemps des pesticides et en particulier des herbicides.
Le retour aux labours avec le cheval chez quelques crus en Bio (ou en conventionnel) n’est pas du folklore, mais un moyen de rendre la surface du sol plus perméable à l’eau et à l’oxygène, nécessaires à l'activité des micro-organismes.
On peut tout à fait comprendre qu'en Bio, dans un sol vivant et détoxiqué, la plante trouve un équilibre physiologique plus naturel, avec une nourriture minérale plus complexe et équilibrée. Ainsi peut-on admettre "l'effet terroir" du Bio et plus encore de la Biodynamie, que revendiquent tous les pratiquants.
En plus du cépage, du climat, le sol a une fonction naturelle dans l’expression du terroir. "Des relations complexes lient le sol, ses microbes, les racines, les raisins, le vin. Des vignerons l’ont compris et ont voulu que leur sol redevienne vivant" Claude et Lydia Borguignon (5). Il faut lire ces auteurs qui font découvrir l'intimité de notre terre nourricière et nous rappellent que les 30 premiers centimètres du sol contiennent 80% de la biomasse présente sur l’ensemble du globe.
Un interventionnisme à minima
Cet argument est avancé par certains crus pour justifier de la supériorité de leur vin, surtout en Biodynamie (labels Demeter et Biodyvin) (6). Il correspondrait à l’idée d’un vin plus naturel et serait le gage d’une plus grande expression du terroir et du millésime.
Ce qui signifie peu ou pas de traitements physiques du vin (chaud, froid, filtration, osmose, oxygénation…) et pas d’intrants, à part le blanc d’œuf Bio (collage) et le soufre dont les doses sont réduites par rapport à ce qui est autorisé. C’est d’ailleurs parmi les vins Bio que l’on trouve le plus de vins « nature » (sans soufre ajouté).
Pour aller encore plus dans ce sens, certains crus en rouge font peu de remontages (le vin pris au bas de la cuve est rejeté au-dessus du marc), prétextant que les extractions les plus douces sont favorables à la complexité du vin. Mr Patrick Amoreau, du célèbre cru de l'A O C Côtes de Francs, Ch. le Puy, n'en fait pas. Il a gardé la vieille pratique de ses aïeux qui consiste à immerger le marc au moyen de poutres en bois. Le résultat ne manque pas de surprendre. Son vin n'a pas la couleur foncée des Bordeaux, mais plutôt celle d'un grand Côtes de Nuits, dont il partage aussi la finesse.
Quant aux copeaux et à l’excès de bois qui maquillent les vins, les vins Bio en sont souvent exempts, même si bon nombre d'entre eux sont élevés dans des fûts de chêne.
Il reste la question des levures. La majorité des crus en Bio revendiquent la fermentation du moût avec les levures de leur cru (indigènes), considérant qu’elles font partie du terroir et que le discours d'une flore naturelle est plus en accord avec la démarche. Cette pratique est très controversée. D’une part, cette affirmation que les levures sont inféodée au "goût du lieu" n’a jamais été démontrée. Et d’autre part, le développement des levures (Brettanomyces) et des bactéries susceptibles de provoquer des déviations aromatiques a plus de chance d’advenir avec un levain maison qu’avec des levures sélectionnées du commerce (neutres et peu productrices d’hydrogène sulfureux) qui occupent le terrain immédiatement. Arnaud Immélé, célèbre œnologue alsacien, déclare sans ménagement dans son dernier ouvrage (7) " Ce que les adeptes de la fermentation naturelle appellent le goût du terroir se réduit à un mélange d’acétate (début de piqûre acétique), d’odeurs phénolées et d’acétamide ; les vins produits de cette manière se ressemblent quel que soit le terroir".
En résumé, on peut concevoir que l’autonomie de la plante, en harmonie avec la nature, puisse transférer au raisin puis au vin Bio et plus encore, a priori, au vin en Biodynamie, un surplus de vérité, d’âme, propre à nous émouvoir davantage. Toutes proportions égales par ailleurs, les meilleurs vins Bio sont plus purs, avec un fruit plus éclatant. En bouche, ils ont plus d’énergie, de fermeté, de densité et de complexité. De nombreux témoignages de vignerons Bio, parlant de leur vin, figurent dans l’ouvrage de Jacky Rigaux Le Terroir et le Vigneron (8).
LA PARADE DES CONVENTIONNELS CONTRE LE BIO
L'usage du sulfate de cuivre
Le principal reproche fait aux viticulteurs Bio est l'utilisation du sulfate de cuivre sous différentes formes, dont la bouillie bordelaise où le sulfate de cuivre est associé à la chaux éteinte. En effet, l'accumulation du cuivre est toxique pour la vie microbienne du sol. Ainsi a-t-on limité son utilisation à 6 kg/ha/an en moyenne sur 5 ans. Des analyses biologiques de sols en Bio depuis plusieurs années et surtout n'ayant jamais reçus d'herbicides, montrent une excellente vie microbienne. L'effet biocide du cuivre est très largement compensé par la non utilisation de fongicides de synthèse qui tuent les levures et les si précieuses mycorhizes. D'autres pratiques, beaucoup plus courante en Bio qu'en conventionnel, sont aussi favorables à la vie du sol : compost, tracteur léger pour ne pas tasser (certains labourent au cheval), enherbement judicieux...
Produit de contact, lavé par les pluies, il ne se retrouve pas dans le raisin et donc dans le vin
Le paradoxe est que nombre de vignerons conventionnels mélangent le cuivre à des fongicides de synthèse (folpel, mancozébe...), cumulant contre le champignon une action de l'extérieur (contact) et de l'intérieur (circulation dans la sève). Mais personne ne l'avoue, surtout quand il s'agit d'attaquer les viticulteurs Bio. Ceux-ci savent mieux que tous - surtout en Biodynamie - coupler le cuivre avec des décoctions ou des tisanes de plantes (prêle, ortie, saule, achilée...), pour en abaisser les doses.
Une chose certaine est que le cuivre n'est absolument pas dangereux pour l'homme. D'ailleurs les faibles quantités retrouvées dans le vin ne proviennent pas des traitements viticoles. Mathieu Dubernet m'a confirmé que "les vins présentent dans tous les cas des teneurs non significatives en cuivre à la fin de la fermentation alcoolique et ce n'est que pendant le travail en cave et la conservation, que, le cas échéant, ils s'enrichissent en cuivre".
Voici le point de vue des célèbres microbiologistes du sol, Claude et Lydia Bourguignon (5) "la critique sur l'emploi du cuivre par les Bios est nulle et non avenue. Le cuivre n'est pas un métal lourd car il est nécessaire à la vie. Beaucoup d'enzymes l'utilisent comme cofacteur. Sa carence est mortelle pour les plantes. Rappelons le cas célèbre de la carence en cuivre qui a bloqué longtemps la culture du maïs dans les Landes et qui a été découverte grâce au bon développement d'une parcelle de maïs à côté d'un vignoble traité à la bouillie bordelaise. Par ailleurs les pulvérisateurs actuels permettent de ne pas dépasser 5 kg/ha de cuivre, dose détoxiquée par un sol ayant une bonne activité biologique. Les firmes attaquent le cuivre car il n'est pas cher.
La lutte raisonnée
Face à la révolte des consommateurs contre les pesticides dans l'alimentation, l'U I P P (Union des Industries de la Protection des Plantes) invente en 1993 le F A R R E (Forum pour une Agriculture Raisonnée et Respectueuse de l'Environnement) pour ravaler, en France, la façade ternie de la chimie dans nos campagnes. Cet organisme, qui regroupe le principal syndicat paysan (F N S E A), les fabricants de pesticides, les coopératives agricoles et les institutions agricoles (Crédit Agricole, Protection des Végétaux, Chambre d'Agriculture...), va lancer une entreprise de mystification des consommateurs avec la formule miracle « l'agriculture raisonnée », laissant croire que le monde agricole prend un nouveau départ. Quand on parle de Bio à des vignerons en conventionnel, ils vous répondent doctement "nous, on fait du raisonné". Ce qui signifie en d'autres termes "on raisonne", "on réfléchit, on met la bonne dose au bon moment" ou bien "on traite moins, on traite mieux"...Et le tour est joué !
Notons qu'il existe, depuis 2004, un label "agriculture ou viticulture raisonnée" donnant à la démarche, au-delà du discours, un caractère officiel et sérieux : une accréditation recommandée pour se préparer sans heurts à la conversion en Bio. Il s'agit d'un protocole labellisé pour réduire progressivement les pesticides de synthèse. Le gouvernement affichait à l'époque un objectif ambitieux de 30% des exploitations françaises qualifiées "agriculture ou viticulture raisonnée" pour 2008. Or, moins de 0,5% le sont en 2015 ! Vous avez bien lu ?
L'industrie des pesticides a fait un joli pied de nez aux écologistes et aux agriculteurs Bio. L 'I N R A dira même que "c'est une belle farce inventée par les marchands".
TOUJOURS PLUS ET TOUJOURS PLUS TOXIQUE
La révolte des consommateurs s'est-elle calmée avec ce tour de passe-passe ? Très certainement pour ceux qui regardent les choses de loin, mais les autres doivent savoir que, malgré l'aveu d'une modération de façade, l'agriculture et la viticulture en tête, mettent toujours plus de fongicides et d'herbicides de synthèse. Le rapport du député PS Dominique Potier mentionne une augmentation du tonnage des pesticides utilisés, de 5% entre 2009 et 2013. Le plan E C O P H Y T O lancé en 2008 lors du Grenelle de l'Environnement pour réduire de moitié l'usage des pesticides d'ici 2018, s'est soldé par un échec puisque sa note 2014 indique qu'entre 2012 et 2013, l'augmentation annuelle du tonnage des pesticides (fongicides + herbicides) est passée de +8,7% à +13,2% ! Et pourtant la dangerosité accrue des nouvelles molécules autorise des doses plus faibles pour avoir la même efficacité ! Un comble
Depuis les années 50 "où produire des pesticides était servir la France", on ne parle plus que d'intensification et de nouveaux produits miracles. Spécialement pour le mildiou de la vigne, dont les mutations successives créent des clones résistants qui appellent de nouvelles molécules toujours plus toxiques pour l'homme et l'environnement. On les utilise souvent en association, entre 2 à 6 molécules, parfois comme nous l'avons vu, avec du sulfate de cuivre, dans le but d'une meilleure efficacité mais aussi pour diminuer les doses de chacune et ne pas dépasser la D L M (Dose Limite Maximale) autorisée dans le raisin. En 2015, cet arsenal de biocides conjugués n'a pas suffi, dans certains cas, malgré plus de 20 traitements en moyenne, à juguler l'attaque inouïe de mildiou qui est intervenue dans le vignoble bordelais de fin avril à début mai !
LA VITICULTURE BIO EN FRANCE ET A BORDEAUX
Loin des ambitions du Grenelle de l'Environnement en faveur du Bio (6% de la S A U en 2012 et 20% en 2020), la France est en dessous de la moyenne européenne des surfaces agricoles certifiées Bio (5%), soit selon Agro-Bio, 4,14% en 2014 et près de 4,91% en 2015 et 5,1% en 2016. Ce qui prouve la réussite totale du plan "agriculture raisonnée"...
L'industrie phytopharmaceutique a réussi à conforter les agriculteurs conventionnels en leur donnant des arguments pour leur défense, jusqu'à faire l'amalgame entre "agriculture raisonnée" et "agriculture Bio". Alors que ce sont des démarches diamétralement opposées. On peut même dire que cette "opération mains propres" de la chimie industrielle agricole a freiné les conversions en Bio.
En viticulture la progression des surfaces certifiées en Bio est moins lente qu'en agriculture.
La proportion nationale est passée de 8% de la S A U en 2014, 8,7% en 2015 et 9% en 2016.
Selon le nouveau découpage des régions voici les % des surfaces viticoles certifiées en 2015 :
PACA : 18 % de la S A U viticole en Bio
CENTRE VAL DE LOIRE : 11 %
AUVERGNE RHÔNE ALPES : 10 %
OCCITANIE : 9 %
BOURGOGNE RANCHE COMTE : 8,6 %
PAYS DE LOIRE : 8 %
GRAND EST : 5,9 %
NOUVELLE AQUITAINE : 4,9 %
CORSE : 4 %
En 2015 la surface certifiée (conversions comprises) du vignoble bordelais, selon le Syndicat des Vignerons Bio d'Aquitaine, est de 6829 ha pour une surface totale de 113 000 ha ; soit 6,5%.
Bordeaux est en retard.
Plusieurs raisons à cela :
- Le Bio a longtemps été marqué par l'image d'une qualité péjorative, ce qui a détourné de longue date l'attention des grands crus sur ce mode de culture. Jusqu'à ce que certains, rattrapés par des considérations écologiques, ouvrent la voie.
- Pour certains l’argument majeur opposé à l’A B est son coût, et on peut le comprendre. Car la conversion réclame une réforme dans la mécanisation, une adaptation du personnel à de nouvelles techniques, plus de main d’œuvre pour l’observation permanente des parcelles et pour le nombre accru de traitements... Et surtout dans les premières années, la vigne produit moins de raisin si on ne prend pas la précaution de se préparer plusieurs années à l'avance. En effet, si une conversion est bien anticipée, avec un consultant reconnu, le vigneron n'aura pas ou aura peu de baisse de rendement. Un bilan biologique du sol s'impose surtout s'il a reçu pendant des années des désherbants et des pesticides anti-fungiques. La revitalisation du sol relève de différentes procédures : compostage Bio ; labours superficiels avec un tracteur léger pour faire pénétrer l'oxygène ; enherbement si cela est possible (céréales, légumineuses pour enrichir en azote...); réensemencement éventuel avec des endomycorhizes (9) qui peuvent avoir disparu après des années de pesticides et qui participent à l'autonomie de la plante. Ces opérations pré-conversion peuvent aussi être associées à une accréditation "lutte raisonnée".
- L'autorisation de mise en marché des pesticides relevant de l'Etat, suffit à certains pour considérer les pesticides comme étant d'une totale innocuité. La triste histoire des pesticides interdits, comme celle d'autres substances chimiques mortifères (voir plus haut), démontre que l'homologation derrière laquelle on se replie est loin d'être une garantie pour la santé des utilisateurs et des consommateurs.
- Les dirigeants de l'Interprofession (C I V B), tout comme les scientifiques viti-vinicoles influents, ont véhiculé l'idée que "Bordeaux est trop humide et trop chaud pour faire du Bio".
Devant la réussite exemplaire de certains crus en Bio (voir liste ci-après), toutes A O C confondues, il semblerait que ce discours ait été abandonné. Mais il n'est pas encore l'heure, semble-t-il, de faire de cette question une priorité pour inciter plus de châteaux à adopter une viticulture propre (verte). Comprenez que les puissants à la tête des instituions viticoles, en viticulture conventionnelle, ne peuvent dire autre chose que "s'intéresser aux voies alternatives". Et pourtant, il faudrait aujourd'hui valoriser l'acquis des vignerons en Bio et en Biodynamie, accumulé par certains depuis plus de 20 ans, pour créer au sein de l'Interprofession une commission technique Bio. On constate, chaque année, que les vignerons en Bio n'ont pas plus de maladies que ceux en conventionnels, parfois moins, et que de surcroît, ils sont capables de faire du très bon vin.
EN CONCLUSION
La qualité organoleptique du vin, comme celle des aliments, ne peut plus s'exonérer de la qualité sanitaire. Un bon vin, qui plus est un grand vin au prix élevé, doit respecter la santé du consommateur et son mode de production ne doit pas exposer les salariés et l'environnement.
PARMI LES MEILLEURS VINS BIO
Voici une liste non exhaustive d'excellents crus du vignoble bordelais, grands ou moins grands, certifiés, avec le lien pour visiter leur site. Les années indiquées correspondent aux premiers millésimes certifiés (en Bio et parfois en Biodynamie : B D). Nous citerons après, pour mémoire, les crus les plus notables, dont certains sont certifiés depuis longtemps, dans d'autres grandes régions viticoles françaises. Nous nous tournerons particulièrement vers des vignobles plus septentrionaux que Bordeaux, où les conditions climatiques rendent tout aussi difficile, sinon plus, la pratique du Bio. Sachant qu'il existe dans le sud de la France d'excellents crus en Bio mais qui profitent d'un climat plus favorable.
BORDEAUX
Paul Barre AB et BD 1990 ch. La Grave (Fronsac) et ch. La Fleur-Cailleau (Canon-Fronsac)
Pascal Amoreau AB 1991 / BD 2006 ch. Le Puy (Côtes de Bordeaux- Francs)
Famille Hubert AB / BD 2000 ch. Pey-Bonhomme-Les-Tours (Blaye) et ch. La Grolet (Bourg)
Claire Laval et Dominique Techer AB 2000 / BD 2012 ch. Gombaude-Guillot (Pomerol)
Pierre et Lucille Carle AB 2001 ch. Croque-Michotte (Saint-Emilion)
André Chatenoud AB 2005 ch. de Bellevue (Lussac-Saint-Emilion)
Alain Moueix AB 2006 / BD 2008 ch. Fonroque Cru Classé (CC) (Saint-Emilion) et ch. Mazeyres AB 2012 (Pomerol)
Corine Comme 2007 AB ch. du Champ des Treilles (Sainte-Foy Bordeaux)
Marc Pasquet 2007 AB ch. Mondésir-Gazin (Blaye-Côtes de Bordeaux)
Nicolas Despagne AB 2009 / BD 2013 ch. Maison Blanche (Montagne Saint-Emilion)
Nathalie Despagne AB 2009 ch. La Rose Figeac (Pomerol)
François Despagne AB 2009 ch. Le Chemin (Pomerol), AB 2013 ch. Grand Corbin Despagne CC (Saint-Emilion), AB 2013 ch. Ampelia (Côtes de Bordeaux-Castillon)
Dominique Hessel AB 2010 ch des Annereaux (Lalande de Pomerol)
Alfred Tesseron AB et BD 2010 ch. Pontet-Canet CC (Pauillac)
Xavier Planty AB 2011 ch. Guiraud CC (Sauternes)
Bénédicte et Grégoire Hubeau AB 2011 ch. Moulin Pey Labrie (Canon-Fronsac) et ch. Haut-Lariveau (Fronsac)
M. Hetrakul (Pierre-Alexandre Gazaille) AB 2011 ch. Meyre (Haut-Médoc)
Pascale Choime et Laurence Alias, AB 2012 / BD 2015 Closerie des Moussis (Haut Médoc et Margaux)
Jean Marie Bouldy AB 2012 ch. Bellegrave (Pomerol)
Caroline et Laurent Clauzel AB 2012 ch. La Grave Figeac (Saint-Emilion)
Christophe Landry AB 2012 ch. des Graviers (Margaux)
Bruno Martin AB 2012 / BD 2014 ch. Rolland La Garde et ch. Sainte Luce Bellevue (Côtes de Bordeaux–Blaye)
Stéphanie Destruaut et Michel Théron AB 2012 / BD 2015 Clos du Jaugueyron (Haut-Médoc et Margaux)
Thomas Duroux AB 2013/ BD 2014 ch. Palmer CC (Margaux)
Guy-Pétrus et Vincent Lignac AB 2013 ch. Guadet CC Saint-Emilion
Erésué Patrick AB 2013 ch Chainchon et Ch Valmy-Dubourdieu-Lange (Côtes de Bordeaux– Castillon)
Joël Duffau AB 2013 ch. La Mothe du Barry (Bordeaux Supérieur)
Bérénice Lurton AB 2013 / BD 2014 ch. Climens CC (Sauternes)
Frédéric Mellier AB 2013 ch. de la Vieille Chapelle (Bordeaux-Supérieur)
Helène et David Barrault AB 2014 Ch. Tire Pé (Bordeaux)
Stephan von Neipperg AB 2014 ch. Canon-Gaffelière CC (Saint-Emilion)
Sylvie Dulong et Stéphane Grawitz AB / BD 2015 Clos Systey (Saint Emilion GC)
Claire Villars Lurton AB 2015 ch. Ferriere CC Margaux et ch. La Gurgue (Margaux)
Famille Meynard AB 2015 ch. Mémoires (Côtes de Bordeaux-Cadillac)
Gonzague Lurton AB 2016 ch. Durfort-Vivens CC (Margaux)
(Liste non exhaustive).
BERGERAC
Luc de Conti 2005 Ch. Tour des Gendres
BOURGOGNE
Domaine de la Romanée Conti Vosne Romanée
Comtes Lafon Meursault
Lalou Bize Leroy Auxey Duresses
Anne Claude Leflaive Puligny
Comte Armand Pommard
La Vougeraie (40 ha à Premeaux au sud de Nuits, groupe Boisset)
Drouhin à Beaune et Chablis
Pierre Morey Meursault
Domaine de l'Arlot (Axa) Nuits Saint Georges
Cyprien Arlaud Morey Saint Denis
Champy Beaune
Dujac Morey Saint Denis
Dugat-Py Gevrey-Chambertin
JL Trapet à Gevrey-Chambertin
Chantal Lescure Nuits Saint Georges
David Duban Chavannes
Amiot Servelle Chambolle Musigny
Vincent Dureuilh-Jantial Rully
Ch. de Puligny-Montrachet Puligny
Michel Lafarge Volnay
Jean Marc Brocard Chablis
Sylvain Pataille Marsanay
Aubert et Pamela de Vilaine Bouzeron
Philippe Jambon Morgon
Marcel Lapierre Fleurie et Moulin à Vent
Yvan Métras Feurie et Moulin à Vent
Jean Foillard Morgon
Frères Bret Macon / Pouilly-Vinzelles
ALSACE
Zind-Humbrecht
Colette Faller
Marcel Deiss
Kreydenweiss
Josmeyer-Frick
Bott-Geyl
Ostertag
Zusslin
…
LOIRE
Fred Niger Domaine de l'Ecu Muscadet Sèvre et Maine
Nicolas Joly Coulée de Serant
Marc Angély Anjou
Monique et Tessa Laroche La Roche aux Moines
Philippe Alliet Chinon
Bernard et Matthieu Baudry Chinon
Pierre Breton Chinon / Bourgueil
Didier Dagueneau Pouilly Fumé
Yannick Amirault Saint Nicolas de Bourgueil
Jacky Blot Montlouis / Saint Nicolas de Bourgueil
Thierry Germain Saumur-Champigny
Frères Foucault Saumur Champigny
François Chidaine Montlouis
Henri Pellé Menetou Salon
Alphonse Mellot Sancerre
Vacheron Sancerre
Thierry Michon Fiefs Vendéens
CHAMPAGNE
Leclert Briant
Jacquesson
Françoise Bedel
Fleury
Bedel
Léclapart
Vouette Sorbée
Ruppert Leroy
Bougeois Diaz
Georges Laval
Lelarge Pugeot
Chartogne Taillet )
Francis Boulard et fille
Marie Courtin
Emmanuel Brochet
Vincent Couche
Benoît Marguet
Vincent Charlot Tanneux
Leclert Briant
Val'Frison
Vauversin
(1) Pesticides. Révélations sur un scandale français, Fabrice Nicolino et François Veillerette, Ed. Fayard, 2007 et Pesticides le piège se referme, François Veillerette, Ed. Terre Vivante, 2002
(2) INSERM, MSA (Mutualité Sociale Agricole), OMS, Générations futures, GRECAN (Groupe Régional d'Etude sur le Cancer à Caen et AGRICAN, INC (Institut National du Cancer), PAN Europe (pesticides Action Network), EPA (Environmental Protection Agency)...
(3) Dans la famille des néonicotinoïdes, tueuse d’abeilles, après le Gaucho, interdit en 2004, est apparu le Régent, interdit en 2007, enfin le Cruiser, interdit comme toutes les substances de cette famille en 2016. Le Sulfoxaflor de Dow Agro, autorisé en France en juillet 2015 (alors qu'il vient d'être interditau EU), d'une famille chimique proche, neurotoxique puissant aussi, vient au secours des agiculteurs non Bio !
(4) Les plantes malades des pesticides, Francis Chaboussou, Ed. d’Utovie 1980
(5) Le sol, la terre et les champs, Claude et Lydia Bourguignon, Ed.Sang de la Terre, 2009. Dans le droit fil des ces auteurs vient de sortir Agriculture Biologique Approche scientifique de Christian de Carné-Carnavalet (un fils spirituel des Bourguignon), Ed. France Agricole, 2016 (500 p !)
(6) 35 Questions sur la Biodynamie. Antoine Lepetit de la Bigne. Ed. Sang de la Terre, 2014, 2ème édition
(7) Les grands vins sans sulfites Arnaud Immélé, Ed. Vinedia, 2013
(8) Le Terroir et le Vigneron, Jacky Rigaux, Ed. Terre en Vue, 2006
(9) Champignons filamenteux pouvant atteindre plusieurs mètres vivant en symbiose avec les racines des végétaux supérieurs.
Œnologue-Consultant, critique indépendant, bloggeur
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