30 Mai 2015
La démocratisation du vin de qualité, sa consommation de plus en plus fréquente chez les jeunes,
ont stimulé la création de matériels divers pour faciliter sa conservation et son service à table.
L’adage « boire moins pour boire mieux » incite depuis 20 ans à délaisser les vins quotidiens,
courants (1) pour des vins d’origine contrôlée de meilleure qualité et à des prix plus élevés. En
famille, notamment à deux, on ne finit pas toujours une bouteille ouverte, d’où l’idée de la
conserver du mieux possible.
La pratique la plus simple consiste à reboucher la bouteille avec le bouchon à l’endroit (2) et de la
mettre au réfrigérateur. Le froid limite l’oxydation du vin et l’apparition de l’évent (3), cette odeur
caractéristique de pomme blette jugée comme un défaut en dehors des vins de voile (vin jaune du Jura, Xérès…), associée à une certaine amertume en bouche.
On peut aussi transvaser le vin dans une bouteille plus petite (50 cl ou 37,5 cl) ou bien combler le
vide avec des petites billes de verre.
L’innovation majeure, apparue il y a une vingtaine d’années, est de faire le vide avec une pompe
(4) au travers d’un bouchon adapté. Ce vide n’est pas parfait mais associé au froid, il permet de
conserver convenablement les vins blancs secs et les rouges pendant un à huit jours voire plus
pour les vins jeunes, surtout les rouges (5). Les liquoreux résistent beaucoup plus longtemps.
Ingénieux mais un peu curieux : le « wine balloon », un ballon en latex gonflé qui comble le vide (6).
Plus efficace : injecter dans la bouteille ou dans la carafe un gaz neutre plus lourd que l’air (argon, CO2, azote) (7) et de la reboucher.
Enfin la Rolls qui nous vient droit des US – souvenez-vous du SCREWPULL il y a 20 ans – : le
système CORAVIN (8). Selon le même principe que les machines destinées aux restaurants pour
servir le vin au verre, cet appareil domestique permet de prélever du vin dans la bouteille sans
l’ouvrir. Un double trocart (grosse aiguille doublement percée) transperce le bouchon, aspire le vin désiré, qui est automatiquement remplacé par un gaz inerte. On comprend que le résultat soit trèsbon et que l’on puisse, tel que l’annonce le fournisseur, déguster la même bouteille pendant
plusieurs mois ou… quelques années. A condition certainement de refaire la pression de temps
en temps car la percée du bouchon pourrait le rendre moins étanche. Sans parler d’un éventuel
écoulement du vin.
Alors qu’on est toujours démuni face au goût de bouchon – même si différentes techniques
prétendent l’éradiquer – on a les moyens aujourd’hui de ne pas gâcher le fond d’une bouteille
qu’on a bien aimée.
Œnologue-Consultant, critique indépendant, bloggeur
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